Du 31 mars au 3 avril 2025, j’ai participé à la Bologna Children’s Book Fair, LE rendez-vous international pour tous les professionnels du secteur. Cette première participation m’a offert une immersion dense et inspirante, pour élargir mes réflexions autour du livre jeunesse en Afrique.
Un événement mondial, au service de la créativité éditoriale
La Bologna Children’s Book Fair est un événement exclusivement réservé aux professionnels : éditeurs, illustrateurs, auteurs, agents littéraires, bibliothécaires, diffuseurs, institutions…
Une effervescence créative et stratégique, où se tissent les liens, s’échangent les droits, se découvrent les tendances et naissent les futurs livres.
Mon objectif en y participant était clair : observer, comprendre, m’imprégner des meilleures pratiques internationales, développer mon réseau et surtout, réfléchir à la manière dont les éditeurs africains peuvent mieux faire entendre leur voix dans cet écosystème mondialisé.
Le Mur des illustrateurs m’a happée dès l’entrée
L’un de mes plus grands coups de cœur a été le Mur des illustrateurs, qui jalonne toute l’entrée du salon. Un espace libre et organique, où des milliers d’illustrateurs indépendants accrochent leurs dessins, leurs coordonnées, leurs propositions de collaboration.
Mais ce n’est pas un simple mur d’affichage : des éditeurs y déposent aussi leurs appels à projets, leurs besoins spécifiques — ouvrant la voie à des connexions immédiates.
Ce mur vivant, en constante évolution, offre une mise en situation frappante de l’importance de l’illustration dans le livre jeunesse.
Il m’a donné matière à réflexion : en Afrique, l’accompagnement des illustrateurs est essentiel pour faire émerger les talents visuels et les connecter aux réalités du marché.

Une créativité éditoriale qui inspire
Ce qui m’a le plus marquée, au fil des stands, c’est la richesse des ouvrages jeunesse.
La diversité des formats, la liberté graphique, la sophistication des maquettes : tout montre que le livre jeunesse est un véritable objet de création à part entière.
Cela ouvre un champ immense pour innover dans la production éditoriale africaine.
J’ai vu des pistes concrètes à explorer : formats hybrides, jeux typographiques, interactivité, éditions bilingues…
Autant de possibilités à adapter localement, en tenant compte des marchés, des lecteurs, et des moyens techniques disponibles.
Une présence africaine encore timide
J’ai été ravie de croiser quelques éditeurs africains présents dans le World Lounge, cet espace dédié aux droits et aux échanges professionnels.
Venus de Madagascar, du Ghana, d’Égypte, du Kenya, du Nigéria, d’Afrique du Sud, du Mozambique, du Maroc… leur présence, bien que discrète, avait une vraie portée symbolique.
Certains sont des visages familiers, avec qui je partage déjà des liens de travail ; d’autres ont été de belles découvertes, porteurs de projets prometteurs.
Cette présence, encore modeste en volume, est néanmoins porteuse d’espoir.
Elle témoigne que l’Afrique a toute sa place dans les grands rendez-vous internationaux.
Mais pour que les éditeurs du continent puissent véritablement rayonner, ils doivent être visibles, accompagnés, structurés — et surtout intégrés dans les espaces stratégiques comme celui des droits, là où se dessinent les futurs du livre.


Un stand France ouvert et stratégique
Organisé de façon remarquable par France Livre, c’était l’occasion de rencontrer des personnes que j’estime beaucoup et un organisme, cher à mon cœur, qui fait un formidable travail de facilitation et de représentation de l’édition française à travers le monde.
Cet espace était à la fois fonctionnel, accueillant et convivial, pensé pour favoriser la négociation de droits dans des conditions optimales.
J’aurais tellement aimé pouvoir emmener un groupe d’éditeurs africains à Bologne, tant cette expérience est riche d’enseignements.
Mais je garde l’espoir : dans les années à venir, je rêve de les voir de plus en plus nombreux, fiers, visibles, et pleinement intégrés à la scène internationale.

Une première participation pleine de perspectives
La Bologna Children’s Book Fair a été, pour moi, plus qu’un salon. Elle a représenté une expérience structurante, un moment pour prendre du recul, me projeter, et affiner mes projets pour les éditeurs jeunesse du continent africain.
Être plongée dans un environnement aussi dynamique, aussi connecté, m’a permis de mieux percevoir, très concrètement, ce qui pourrait encore être renforcé — mais aussi tout ce qui existe déjà : talents, idées, engagements — et qui mérite d’être soutenu, valorisé et amplifié, selon les dynamiques propres aux acteurs africains eux-mêmes.
Merci et à l’année prochaine
Je tiens à féliciter chaleureusement l’équipe de la Bologna Children’s Book Fair, dont j’avais déjà rencontré certains membres en janvier à Chennai (Inde).
Rendez-vous est pris pour 2026 : la 63e édition se tiendra du 13 au 16 avril.
Je compte bien y retourner — encore plus préparée, plus connectée, et toujours plus mobilisée pour le rayonnement du livre jeunesse africain.





