La 4ème étape du processus de structuration de la chaîne du livre à Madagascar s’est tenue du 18 au 20 mars 2025. L’événement s’est articulé autour de deux modules complémentaires, conçus pour renforcer la collaboration entre les différents maillons de la chaîne du livre.
Le premier module, exclusivement destiné aux auteurs et éditeurs, a pris la forme d’un atelier interactif visant à consolider les liens professionnels entre ces acteurs clés. Il a permis de favoriser une meilleure compréhension mutuelle de leurs rôles respectifs et d’identifier des pistes concrètes de collaboration.
Le deuxième module a marqué le lancement officiel de la coécriture de la charte des professionnels du livre. Cette charte, en cours d’élaboration par les acteurs eux-mêmes, a pour ambition de poser les bases d’un cadre éthique, professionnel et collaboratif commun à tous les métiers du secteur.
L’atelier auteurs-éditeurs : clarifier les rôles, analyser les contrats, renforcer les liens
Cet atelier a constitué la séquence centrale de cette quatrième étape. Il a rassemblé une vingtaine de participants, répartis de manière équilibrée entre auteurs et éditeurs. L’objectif principal était d’explorer en profondeur les différents aspects de leur relation professionnelle.
Au cœur des échanges figurait l’analyse collective du contrat d’édition, abordée dans toutes ses dimensions. Cet exercice a permis :
- de clarifier les droits des auteurs, souvent méconnus ou flous pour certains participants ;
- de démystifier la question de la rémunération des auteurs, en levant plusieurs malentendus ;
- de favoriser une prise de conscience chez les éditeurs quant au statut professionnel de l’auteur ;
- d’évoquer les droits étrangers, trop souvent négligés dans les discussions contractuelles ;
- d’ouvrir un dialogue sur les droits respectifs de l’auteur et de l’éditeur, dans une optique de transparence et d’équilibre.
Un autre point majeur abordé fut celui de la demande du marché. Les éditeurs ont souligné un décalage important entre les textes proposés par les auteurs et les attentes réelles des lecteurs. Cette confrontation constructive a permis d’orienter les auteurs vers des thématiques plus porteuses, en particulier celles qui pourraient augmenter leurs chances d’être publiés et lus. Une demande non satisfaite porte sur les romans policiers dans un contexte malgache, des fictions inspirées de la vie quotidienne mais aussi la possibilité de lire ces textes en malgache.
Enfin, les éditeurs ont exprimé leur difficulté à trouver des auteurs capables de répondre à des commandes spécifiques, notamment dans le secteur des albums documentaires jeunesse, un créneau porteur mais encore peu investi. Cet appel à la diversification de l’offre littéraire a suscité de l’intérêt et ouvre la voie à de nouvelles formes de collaboration plus ciblées.
Un dialogue bilingue pour une meilleure compréhension mutuelle.
Les échanges au sein de l’atelier se sont déroulés à parts égales en français et en malgache, afin de garantir l’accessibilité et l’inclusion de tous les participants. Pour faciliter cette dynamique bilingue, j’ai pu m’appuyer sur l’assistance d’un traducteur, permettant une expression libre et une compréhension optimale de chaque notion abordée.
Ce cadre linguistique adapté a largement contribué à faire de cette rencontre un moment dense, riche et profondément stimulant. Les participants sont repartis motivés et mieux informés, avec une compréhension plus claire des enjeux de la chaîne du livre et de leur propre rôle dans ce système.
Du côté des éditeurs, l’atelier a également été un levier décisif pour faire passer certains messages clés, notamment en ce qui concerne le respect des droits d’auteur. Ils ont exprimé leur volonté de s’ancrer dans une pratique professionnelle éthique, en se référant explicitement aux éléments du contrat d’édition comme base commune.
Dans le cadre d’un plan d’action que j’ai conçu il y a deux ans à la demande de Ressources éducatives Madagascar, j’avais imaginé cette étape comme incontournable, sans me douter à l’époque qu’elle se révélerait aussi riche et déterminante pour ces deux maillons essentiels de la chaîne du livre.
Vers une charte des professionnels du livre : une dynamique collective engagée
La rédaction de la charte des professionnels du livre avait été amorcée lors d’un précédent atelier. C’est donc naturellement que les participants sont entrés dans une discussion approfondie autour des différents éléments, veillant au respect des rôles et des intérêts propres à chaque maillon de la chaîne. Étaient réunis : auteurs, illustrateurs, traducteurs, éditeurs, distributeurs, libraires — aux côtés de la coordinatrice du programme Ressources éducatives et d’une représentante de la Bibliothèque nationale de Madagascar.
Inutile de dire que les échanges ont parfois été animés : chaque mot a été pesé avec soin, chaque professionnel soucieux de défendre son métier. Mais quelle satisfaction, au terme de ce travail collectif, de voir la charte finalisée — et chaque participant repartir avec le sentiment tangible qu’un pas concret a été franchi.
À l’issue de la journée, un noyau d’acteurs volontaires s’est formé pour assurer la finalisation et la mise en forme de ce travail.
La clôture de cette journée de travail a été un moment particulièrement fort et symbolique. Les acteurs réunis ont pris conscience qu’ils venaient de poser les premières pierres d’un chantier à long terme, appelé à transformer durablement la structuration du secteur du livre à Madagascar.
Au-delà des contenus produits, c’est l’esprit de collaboration, de responsabilité et d’engagement partagé qui a marqué les participants. Chacun, à sa place, a affirmé sa volonté de contribuer activement à cette dynamique collective, convaincu de l’importance de bâtir, ensemble, un cadre plus structuré, plus éthique et plus solidaire pour le développement du livre dans le pays
Renforcement des compétences en librairie
Dans le cadre du programme Ressources éducatives, j’ai animé une formation interne directement opérationnelle (FIDO) à destination des employés en librairie sur la gestion des clients difficiles, un thème qu’elles avaient elles-mêmes choisi (17/03/2025).
Réunissant six libraires issus de deux librairies différentes, cette session s’est déroulée en situation réelle, dans les librairies, et a privilégié une approche 100 % pratique.
Travailler concrètement sur les interactions avec les clients a permis de mettre en lumière l’importance des capacités émotionnelles et de la posture individuelle dans ces situations parfois tendues. Cette modalité de formation, immersive et immédiatement applicable, s’est révélée particulièrement efficace : elle renforce la confiance des libraires et leur capacité à gérer avec plus de sérénité les comportements difficiles.
Des accompagnements individualisés à forte valeur ajoutée
En complément de cette action de formation sur le terrain, deux accompagnements personnalisés ont été mis en place (21-22/03/2025).
- Le premier avec la librairie Saint-Paul, située au cœur de Tananarive, portait sur plusieurs axes : l’aménagement de l’espace, le développement de l’assortiment, des questions de communication digitale, ainsi qu’un appui concernant les dispositifs d’aide proposés par le Centre National du Livre (CNL) à Paris.
- Le second accompagnement concernait la web-librairie Everyay, fondée par Valisoa. Ici, l’enjeu était plus stratégique : il s’agissait de coordonner et structurer les différentes actions déjà entreprises, dans une perspective de développement cohérent à moyen terme.
Les témoignages croisés de ces deux libraires, présentés ci-dessous en photo, illustrent bien la valeur ajoutée de cette démarche hybride, mêlant formation pratique, conseil personnalisé et coaching stratégique
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