Rendez-vous incontournable, le Salon du livre africain de Paris a ouvert ses portes le 14 mars 2025 pour trois journées d’affluence. Cette année, il s’est tenu dans un espace élargi à la Halle des Blancs-Manteaux, avec deux salles spécialement dédiées aux conférences.
Parler des réalités professionnelles en Afrique
De nombreux éditeurs africains avaient fait le déplacement jusqu’à Paris, car ce salon s’impose non seulement par la richesse de sa programmation littéraire et la forte affluence du public, mais aussi comme un lieu privilégié d’échanges entre professionnels du livre africain. C’est également l’occasion de tisser des liens avec des éditeurs de la diaspora, eux aussi investis dans les dynamiques du marché continental.
La première matinée du Salon du livre africain de Paris est consacrée aux professionnels. À cette occasion, j’ai eu le plaisir de modérer deux tables rondes portant sur les activités de deux programmes internationaux avec lesquels je collabore étroitement :
- Ressources éducatives (Institut français, AFD, UNESCO)
- Le Forum des éditeurs jeunesse d’Afrique et le Prix des cinq continents (Organisation internationale de la Francophonie)
Éditeurs jeunesse en Afrique et dans la diaspora : partage d’expériences et collaborations
L’édition jeunesse africaine est en pleine évolution et développe un marché de plus en plus captif. Cette table ronde a été l’occasion de faire le point avec des éditeurs d’Afrique, mais aussi de mesurer l’impact du programme Ressources éducatives qui, durant plus de deux ans, a permis de dynamiser plusieurs initiatives locales.
Les trois éditeurs présents ont pu évoquer les dynamiques locales autour du livre jeunesse et les différentes actions qu’ils mettent en place pour développer une édition au plus près des réalités. L’importance du support audio, en tant qu’outil de découverte et d’apprentissage, a également été soulignée.
Dans ce cadre, Ressources éducatives, en coopération avec la revue Takam Tikou, a publié un corpus présentant une sélection d’ouvrages édités en Afrique subsaharienne francophone pour les 6–12 ans, sur lesquels enseignant·e·s et médiathécaires peuvent s’appuyer pour organiser des activités autour du livre. Une trentaine de titres y sont présentés — albums, contes, romans, documentaires, bandes dessinées et revues — publiés dans une dizaine de pays.
L’Institut français et l’UNESCO ont, quant à eux, rappelé les grandes lignes du programme Ressources éducatives, notamment ses volets consacrés à la littérature jeunesse et aux manuels scolaires en Afrique.
Cette modération m’a permis de questionner les différents intervenants pour approfondir certaines pistes de réflexion sur ce formidable développement du livre jeunesse, qui continue de bénéficier d’une marge de progression prometteuse.
- Souleymane Gueye, éditions Saaraba (Sénégal)
- Émilie Bettega, Centre national de la littérature jeunesse (Bibliothèque nationale de France)
- François Tiger, responsable du pôle Culture et partenariats solidaires (Institut français)
- Youssouf Ouattara, responsable du programme Ressources éducatives (UNESCO)
- Astou Diop Docky, éditions Vijana (France – Sénégal)
- Sophie Saint-Marc, éditions Dodo Vole (La Réunion)
Modération : Agnès Debiage, ADCF Africa
Prix des 5 continents et Forum des éditeurs jeunesse d’Afrique (FEJA) pour soutenir la visibilité du livre francophone
L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) développe une action structurante pour renforcer la découvrabilité des ouvrages francophones, encourager la bibliodiversité et accompagner les cessions de droits dans le secteur de l’édition jeunesse.
Claudia Pietri a exposé les objectifs du Prix des cinq continents de la Francophonie, en détaillant les modalités de participation à l’attention des éditeurs présents dans la salle.
De mon côté, j’ai évoqué les retombées du Forum des éditeurs jeunesse d’Afrique (FEJA), qui a réuni 52 éditeurs venus de 15 pays du continent africain. Cette rencontre a dépassé nos attentes en termes d’impact.
Les deux éditrices invitées ont partagé leur expérience du FEJA, soulignant son importance pour favoriser les cessions de droits panafricaines et amorcer la structuration d’un réseau d’éditeurs jeunesse engagé.
Dans la salle, Jean-Baptiste Zebelamou (éditions Innov’ Guinée) a lui aussi pris la parole pour témoigner des bénéfices du FEJA dans son parcours professionnel, et formuler le souhait de voir une prochaine édition organisée en Afrique.
Intervenants :
- Claudia Pietri, Spécialiste de programme Bibliodiversité et dialogue des langues (Organisation internationale de la Francophonie – OIF)
- Sarah Mody, éditions Nimba (Côte d’Ivoire)
- Gisèle Mela, éditions NMI Education (Cameroun)
Intervention et modération : Agnès Debiage, ADCF Africa
Tout au long de l’année, je croise la plupart de ces éditeurs dans leurs pays respectifs. Les retrouver à Paris, dans le cadre d’une si belle manifestation, fut un réel plaisir — et une précieuse occasion de faire le point sur leurs nouvelles publications.
Bravo à Fatou Diomandé, des éditions Calebasse (Côte d’Ivoire), pour la sortie de son premier album jeunesse, qui ouvre la voie à une dizaine de titres prévus d’ici début 2026.
Erick Monjour a su faire émerger un événement qui ne cesse de prendre de l’ampleur, de rassembler les professionnels du livre, et de valoriser la production littéraire d’Afrique et de la diaspora. Chaque année, le salon attire davantage d’acteurs du secteur.
En 2025, le Cameroun, invité d’honneur, était particulièrement bien représenté à travers une riche délégation.

